Le 22 février dernier, Porsche a annoncé être le premier constructeur automobile au monde à introduire la technologie de la chaine de blocs (« blockchain ») directement dans ses véhicules. Dans son communiqué, la marque allemande souligne l’intérêt que présente cette nouvelle technologie en matière de sécurité, rapidité et fiabilité des échanges de données. Les fonctionnalités et applications actuellement testées par Porsche incluent le verrouillage et le déverrouillage du véhicule via une application, l’autorisation d’accès temporaire à un tiers et de nouveaux modèles opérationnels reposant sur l’enregistrement de données cryptées. L’utilisation de la blockchain constitue par exemple une alternative bien plus infaillible aux accès sans clé pour les véhicules actuels, souvent volés à cause de la vulnérabilité des transmetteurs radio. Par ailleurs, le processus d’ouverture et de fermeture du véhicule via une application est six fois plus rapide qu’auparavant. Convaincu du formidable potentiel que représente la blockchain pour le secteur automobile, le constructeur déclare vouloir « traduire cette technologie innovante en avantages directs pour le client et lui offrir plus de tranquillité d’esprit ».

Sans aucun doute, Porsche a en ligne de mire le développement du véhicule autonome et la révolution que celui-ci va provoquer pour l’industrie automobile. Selon le Boston Consulting Group, d’ici 2030, 25% de la distance parcourue sur le bitume américain sera réalisée par des véhicules autonomes (électriques). Compte tenu des dangers inhérents à la circulation routière, la sécurité des données est une nécessité encore plus évidente. En créant sur un véhicule des points d’accès aux données temps réel, on crée autant de risques pour la sécurité ; quand cet équipement est installé sur des millions de véhicules, il suscite l’intérêt de hackers et devient une source majeure de risque. Les constructeurs se doivent donc d’anticiper ces problèmes de sécurité sur les futures voitures autonomes en utilisant une technologie qui évite le piratage ou le vol de données. Selon le nouveau modèle opérationnel décrit par Porsche dans son communiqué, « la voiture devient partie intégrante de la blockchain, rendant possible une connexion hors ligne directe, c’est-à-dire sans détournement via un serveur ». Grâce à l’enregistrement de données vérifiables, les informations à traiter sont cryptées localement dans la blockchain. En documentant en temps réel toutes les activités d’une flotte de véhicule dans la blockchain, de nombreuses données locales pourront être utilisées et redistribuées afin d’obtenir de précieuses informations qui pourront être partagées à leur tour en toute sécurité et en temps réel. De cette façon, la technologie de la blockchain s’attache à améliorer la sécurité de la conduite autonome.

Pour intégrer cette technologie à son projet industriel, Porsche a collaboré avec la start-up berlinoise Xain qui a remporté le concours d’innovation organisé par le constructeur en avril 2017. Xain a appliqué un protocole blockchain au processus de production, tout en tirant profit de l’intelligence artificielle et du machine learning (processus de fonctionnement d’un système d’intelligence artificielle par lequel le système est doté d’un système d’apprentissage). L’architecture générale de la blockchain privée développée par Xain se rapproche d’Ethereum par la possibilité d’y intégrer et d’exécuter des contrats intelligents (smart contracts), mais se différencie par l’utilisation d’une méthode de consensus (« Practical Proof of Kernel Work ») beaucoup moins énergivore que la preuve de travail. Dans cette méthode, seul un groupe de nœuds du réseau est choisi aléatoirement pour effectuer la validation du bloc.